Terminus Belz

Emmanuel Grand

2' de lecture

Mine de rien, ce bouquin vous accroche tranquillement mais très surement, perdant son lecteur dans les recoins sombres de l’âme humaine, navigue en eux troubles (celles évidement de l’ile bretonne de Belz), entre une enquête policière classique, un (gros) zeste de fantastique, un soupçon de mafia roumaine, le tout plongé dans un style certes assez neutre, mais suffisamment intelligent et varié pour apprécier la lecture de ce livre et se laisser porter jusqu’à sa conclusion. Cela commence par une triangulaire singulière, entre Bretagne, Roumanie et Ukraine et traverse des légendes de marins bourrus, d’Ange de la Mort (l’Ankou) et finit par nous envouter par petites touches, mélangeant allégrement les genres, policier, noir, fantastique, livre de marins, saupoudré d’actualité identitaire. Ce mélange en fait à la fois son intérêt et sa limite.

Marko Voronine, jeune ukrainien, qui quitte son pays pour entrer clandestinement en Europe, est vite confronté à un voyage plus sombre et dangereux que prévu. Poursuivi par la mafia roumaine, chargée de lui régler son compte, il croit trouver la planque idéale en se faisant embaucher comme marin (breton) dans l’ile vénéneuse de Belz, mais mal lui en prend, car celle-ci et ses habitants, marins bourrus, bougons, suspicieux à l’égard de tout étranger, vont s’avérer tout aussi dangereux que la mafia roumaine, d’autant plus que les légendes maritimes bretonnes et autres mythes et croyances ancestrales restent assez hermétique pour notre jeune ukrainien. Entre curé breton, tueur russe, vieux chalutier brinquebalant, 4x4 allemand flambant neuf, marin possédé et chef de gang roumain, l’aventure nous en fait voir de toutes les couleurs. Un peu trop, peut-être, car un resserrement du récit sur un nombre de thèmes plus restreint aurait donné une plus grande densité au livre et certainement un ton beaucoup plus noir, au sens Hardboiled du terme.

A lire, comme on regarderait un bon téléfilm de qualité, tout en saluant l’auteur dont c’est le tout premier roman. Bravo pour ce coup d’essai à découvrir. Le roman a obtenu le Prix SNCF Polar 2016.

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