Lemmer l'Invisible

Deon Meyer

2' de lecture

Efficace, intelligent, politique, noir et blanc, vous retrouverez tout cela dans cet opus du Sud Africain Deon Meyer qui mêle avec brio une intrigue policière, l’histoire politique de son pays, des états d’âme tourmentée de plusieurs de ses personnages et des relations inter personnelles riches et complexes.

Lemmer, garde du corps de son état, va déroger à sa première loi de Lemmer, Ne pas s’investir pour aller au delà de ses préjugés sur les riches sud afrikaners et pour (re) découvrir ce qui se cache derrière le vernis de ce pays multiracial et sorti de l’apartheid depuis plus de 10 ans. Malheureusement la haine et la violence sont toujours là et la violence a été à un moment de sa vie sa compagne la plus vicieuse. Voici donc Lemmer, assigné à la protection d’Emma Le Roux, riche afrikaner, menacée après avoir cru reconnaître son frère disparu des années plus tôt à la diffusion d’un reportage à la télé traitant d’un meurtre de braconniers. Après avoir été incapable d’éviter la tentative de meurtre sur sa cliente (qui se retrouve dans le coma à l’hôpital), il va se muer en enquêteur à la recherche de la vérité. Cette quête va mettre en lumière les contradictions de ce pays magnifique, rongé par la violence, le fosse entre classes sociales, l’appât du gain. Mais elle le fera aussi rencontrer quelques personnages complexes, tiraillés entre leur classe sociale, leur volonté de s’en sortir ou tout simplement de profiter un peu de la vie.

Là où Deon Meyer fait preuve d’efficacité et de justesse, c’est dans sa capacité a dépeindre son pays et ses tourments au travers de la description des personnages, secondaires ou pas. Telle, Tersha/Sasha, serveuse de bar croisée au hasard de sa route, qui en quelques lignes dit tout du rêve et des désillusions de la nouvelle Afrique du Sud. Mais elle n’est pas la seule, Jack Phatudi, inspecteur est lui aussi en proie à ses choix entre appartenance à sa communauté, respect de la loi et l’ordre et objectivité face à un angle de vue différent du sien. Au final, on a un livre fort, noir à souhait, presque désillusionné sur l’avenir de l’Afrique du Sud et qui en dit énormément sur ce pays et sur les plaies toujours béantes dissimulées sous le vernis démocratique et de réconciliation.

Retrouvez l’auteur avec Le Pic du Diable, ou avec Le Polar de la Brousse (Afrique).

Six-Quatre
Irezumi