Le diable de verre

Hélène Tursten

2' de lecture

Alléché par l’étiquette Polar Suédois, je me suis laissé tenté par ce roman (qui date déjà un peu, 2010), mais qui au bout du compte m’a laissé sur ma faim, celle qui aurait du être apaisée, si j’ose dire, par un livre plus noir, plus hardboiled. On est bien loin des tourments ravageurs de l’âme humaine et de la noirceur propre au genre et l’héroïne principale, Irène Huss, inspectrice de la police suédoise de son état, est aussi éloignée d’un Wallander de Henning Mankell, avec ses déprimes des grands jours, qu’un livre de James Ellroy peut l’être d’une encyclique papale. Encore qu’il est beaucoup question de bondieuseries et de Satan dans ce livre, puisque les trois victimes sont un pasteur, sa femme et son fils.

Une enquête bien pépère que mène Irène, entrecoupée par les tracas quotidiens de son foyer, par les problèmes d’adolescentes de ses jumelles, par la mort du chat de la voisine provoquée par son propre chien, par la gestion difficile des absences de ses collègues du commissariat et par la logistique de son voyage à Londres, exigé par l’enquête. Que vous dire de plus, si ce n’est que les premières pistes s’avèrent infructueuses et fausses, que certaines invraisemblances ne semblent pas trop gêner notre romancière, que sa ballade londonienne hésite entre visite touristique et enquête policière, que son approche de l’informatique prête à sourire (mais le livre a été écris en 2002) et que, pour faire bonne figure, la fin fait appel à une noirceur de l’âme humaine, qui dans ce contexte, apparait aussi factice qu’un crachat sur un tableau de Monet. D’ailleurs, l’emploi du verbe sodomiser à la fin du livre m’a fait sursauter, non pas tant à cause de ma pudibonderie et mon éducation raffinée, mais plutôt parce qu’il est étonnant d’arriver sur un tas d’immondice au détour de la visite d’un magasin Ikéa.

Mais la Suède est capable du meilleur comme du pire. Ici, ce serait plutôt le dispensable et le convenu. J’aurais du m’en douter à la mention de l’éditeur Michel Lafon, peu connu pour emprunter des chemins de travers. En matière de Diable, allez plutôt vous jeter de ce pas sur Le Diable, tout le temps de David Ray Pollock qui impose sa lecture de toute urgence !

L’évangile du billet vert
Bangkok Noir