Harry Whittington

le Maître Solitaire

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Harry Whittington est un des auteurs méconnus de la seconde génération du roman noir. Et ce n’est pas moi qui le dit : deux revues, Paperback Quartely aux USA et Les Amis Du Crime en France l’ont réhabilité comme l’un des maîtres du genre. D’ailleurs, il a toujours voulu devenir écrivain !

Né le 4 février 1916 à Ocala en Floride et nourri très tôt aux traductions des plus grands écrivains (Maupassant, Gorki, Flaubert, Balzac, Dumas, Anatole France, Dostoïevski), il deviendra écrivain professionnel à partir de 1947 et ne cessera de produire sous son vrai nom et sous divers pseudonymes : pas moins de 200 romans (du suspens, du western, du roman d’amour, des séries avec des personnages récurrents), plus d’une centaines de nouvelles publiées dans des magazines. Pourtant son premier roman The World Before Us est refusé en 1944.

Desire in the Dust de Harry Whittington
Desire in the Dust de Harry Whittington
Ce qui fait de Whittington, l’égal (méconnu) des plus grands, c’est son thème favori qui est l’essence même du Polar Hardboiled son héros, un homme seul placé dans des situations inhabituelles. Un solitaire, un quidam quelconque confronté soit à la police qui le soupçonne d’un méfait commis par d’autres, soit à des gangsters qui le prennent pour un autre, soit aux deux à la fois avec ce que cela représente de dangers. Mais face à l’adversité, il reste orgueilleux, droit, tenace dans son refus de céder la moindre parcelle de compromission, volontaire et buté pour ne pas s’incliner et rejoindre la masse informe des moutons de ce monde violent et haineux. Ce monde, dirigé par l’argent, il le vomit comme dans Frénésie Pastorale, où un comté du Sud est sous la coupe d’un grand propriétaire terrien. La fin qui justifie les moyens lui est étrangère comme dans Veuve De Satan avec ce magnat qui fait sa fortune en ruinant les autres ou comme le politicien du Chant De L’alligator qui croit pouvoir s’offrir toutes les filles qui passent à sa portée. Les violents au services des puissants, la police pour les bourgeois, corrompus par la pègre, sont les personnages d’un monde âpre, sans pitié pour les faibles, où tous les coups sont permis. Mais comme dans tout bon Polar, le seul véritable danger reste La Femme, surtout quand elle est mue par l’argent, le vice et le sexe. Les Fondamentaux, en somme ! (à retrouver dans le dossier Histoire du Polar). Son style direct et dépouillé conduit forcément à s’identifier rapidement à ces personnages, avec leurs inquiétudes, leurs fureurs, leur indignation, leur ourage.

Si vous devait lire un seul livre de Harry Whittington, alors lisez Frénésie Pastorale (Desire in the Dust, adapté au cinéma en 1960 avec Martha Hyer et Raymond Burr, que vous pouvez d’ailleurs retrouver en avocat dans les romans de Stanley Erle Gardner). Le journal Le Monde dans sa critique du livre en 1957 comparait son auteur aux plus grands romanciers américains. Une quinzaine de ces romans ont fait l’objet d’adaptation au cinéma et trois série télé sont basées sur ses écrits. Pour tout cela, il a été reconnu (tardivement par des gens comme Bill Pronzini par exemple) comme un des pionniers du genre au début des années 50. Mais il le reconnaît lui-même avec une pointe d’ironie, il écrivait d’abord pour ne pas crever de faim. Il meurt en 1989 à 75 ans.

  • Casse-tète
  • Vingt deux long riffle
  • Boite à moustiques
  • T’as des visons
  • Frénésie pastorale
  • Le chant de l’alligator
  • Secrets d’alcôve
  • Le salaire du diable
  • Veuve de Satan
  • Faut que ça craque
  • Le pré aux vaches
  • Eden fantôme
  • La panne fantôme
Richard S Prather
John Mac Donald