Donald Edwin Westlake est né le 12 juillet 1933 à Brooklyn, New-York. Après des études au Champlain College et à l’Université de l’Etat de New York, il fait son service militaire dans l’Armée de l’Air jusqu’en 1956. En 1958, il décide de se consacrer à l’écriture et publie son premier roman en 1960 : Le Zèbre. Malgré quelques cinq romans antérieurs (dont la nouvelle plus qu’intéressante, Sur Une Ile Déserte), ses vrais débuts restent Le Pigeon D’argile avec sa touche personnelle, l’humour ! Il le dit lui-même (dans Polar n°22) J’ai commencé à y mettre de l’humour et il m’a semblé que, comme il mettait en scène des gens en danger et que ces gens-là n’étaient pas des durs, la menace devenait plus réelle si leurs réactions prêtaient à rire. Du coup la dérision devient son mot d’ordre et les plus durs à cuire passent à cette moulinette.
Si sa marque de fabrique est bien l’humour féroce, l’autre signe distinctif de Westlake est une imagination débordante, toujours prompte à nous délivrer des histoires incroyables mais qui tiennent débout. Cette imagination apparaît pratiquement sans limite et s’est souvent renouvelée. Ainsi dans Pierre qui Brûle, Dortmunder et ses amis sont les acteurs d’aventures incroyables, en montant les coups les plus délirants, les plus dingues, qui finissent toujours par échouer lamentablement. La fine équipe démarre sur les chapeaux de roue en dévalisant un joyau en plein jour, part à l’attaque d’un commissariat en hélicoptère, d’une prison et d’un asile de fous à l’aide d’une locomotive. Surenchère avec Dans Le Paquet, où les malfrats ne se contentent pas d’emporter le contenu d’un coffre-fort, ils emmènent toute la banque qu’ils transforment provisoirement en caravane de 15 mètres de long. De même, Crédit est Mort nous montre un chauffeur de taxi qui, suivant les conseils d’un client turfiste, se trouve aux prises avec deux bandes rivales, une jolie fille décidée à le tuer et naturellement la police. Toujours plus, avec Le Pigeon Récalcitrant où un naïf se fait régulièrement arnaquer par sa confiance aveugle, mais finalement ne sera pas forcément le plus pigeon celui qu’on croit.
Quand il ne dépeint pas des naïfs ou des personnages anonymes, (encore que méfions nous des innocents), les flics qu’il aborde ne sont pas du genre habituel : Cliquer pour faire glisser Bibliographie Mitch Tobin, flic cassé pour faute grave, a fait l’objet d’une série de cinq romans de 1966 à 1972 (écrit sous le pseudonyme de Tucker Coe) et il n’est pas banal. Pendant qu’il prenait du bon temps avec la femme d’un truand emprisonné, son propre adjoint est tué par un gangster. Du coup, sans travail, il se sent doublement culpabilisé, car il vit aux crochets de sa femme qu’il estime avoir trahie. Bon enquêteur, il ne réussit cependant pas à obtenir de licence de Détective. Au travers de certains héros (récurrents), Westlake multiplie les expériences et par une pirouette intéressante nous parle également de lui. Dans “Gendarmes Et Voleurs”, il fait référence à ses principaux pseudonymes en nous présentant la firme Parker, Tobin et Eastpoole : Parker (popularisé par Lee Marvin), est la créature de son pseudo Richard Stark Tobin celle de Tucker Coe (autre pseudo) et Eastpool ne ressemble en rien à Westlake. D’une certaine manière, il est capable de nous parler de son métier d’écrivain comme dans “Adios Schéhérazade” qui est son oeuvre préférée et où il décrit les mésaventures d’un auteur de romans pornos atteint de la crampe de l’écrivain à son 29ième ouvrage et en profite pour nous expliquer l’art et la manière de tirer à la ligne, de réutiliser des passages d’anciens livres ou de construire des schémas passe-partout. Peut-être cela lui est il vraiment arriver dans sa production si prolifique et son imagination débordante.
Au tournant du siècle (2000) il nous livre un petit bijou d’imagination et de machiavélisme , Le Couperet dans lequel Burke Devore, un ingénieur dans la cinquantaine perd son emploi et met sur pied un plan diabolique par lequel, il décide de tuer l’homme qui a son emploi de rêve et de tuer tous ses compétiteurs potentiels. Faut quand même y avoir pensé ! Un polar certes, mais un polar social et politiquement incorrect où la fin justifie les moyens. Le livre a été adapté au cinéma par Costa-Gavras avec José Garcia dans le rôle du chômeur. Pour échapper au chômage, jusqu’où un homme peut-il aller dans cette société de compétition effrénée ? (Au passage je ne saurais trop vous conseiller la lecture de Le Profit avant l’Homme de Noam Chomsky).
Ecrivain prolifique et éclectique, Donald Westlake a mis son imagination fertile et son humour féroce au service de plus d’une centaine de livres, approchant bon nombre des genres de la littérature policière que ce soit la comédie policière, son genre de prédilection, le roman policier, le roman noir ou le thriller. Il a remporté par trois fois le Edgar Award, et a été désigné en 1993 Grand Master de l’association Mystery Writers of America. Donald Westalke est mort le 2 Janvier 2009 alors qu’il était en vacances au Mexique.
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- Adios Scheherazade
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- Les cordons du poêle
- Le pigeon d’argile
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- Bon app’!