Day Keene

le méconnu

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Gunnar Hjerstedt le 28 mars 1904 à Chicago (Illinois) d’un père suédois et d’une mère irlandaise, il choisit très vite le pseudo de Day Keene, abréviation du nom de jeune fille de sa mère Daisy Keeney. Très prolifique, il a écrit près d’une cinquantaine de romans depuis les années 30 et principalement des policiers depuis 1949. S’il est nettement moins connus que d’autres grands auteurs de la Série Noire, il en a été l’ami généreux de beaucoup et a favorisé l’éclosion de certains en particulier de la mouvance des auteurs du Sud, tels que Harry Whittington et Gil Brewer. Il construira ses romans autour d’un thème somme toute assez classique du héros accusé d’un crime qui lutte pour prouver son innocence.

Passion Murders de Day Keene
Passion Murders de Day Keene
Après avoir fait l’acteur dès 17 ans dans des shows ambulants, il se met à l’écriture avec des pièces de théâtre et des feuilletons pour la radio. Comme tout bon auteur de ces années-là, il publie évidemment dans les pulps et dès 1949 dans des éditions de poche. Sa trame récurrente sera donc du héros accusé d’un crime qui lutte pour prouver son innocence, avec en prime le manichéisme le Bien versus le Mal, symbolique bien pratique soulignée ici par la femme fatale : Le cliché de l’opposition de la brune sensuelle, roublarde et un peu garce causant la perte de l’homme face à la blonde innocente et pure aimant son homme pour son plus grand bonheur. Simplissime, vous disais-je !

Mais Day Keene le traite avec maestria et efficacité privilégiant l’action, le suspens et les coups de théâtre. Ses personnages peuvent être tordus comme des pequenauds de province ou des petits bourgeois de campagne (américaine bien sur) et ses flics sont bons et droits (manichéisme oblige).On retrouve donc dans ses romans, la quintessence même du roman noir, de façon primitive sans être primaire.

Joy House de Day Keene
Joy House ou Vive le Mariè adpaté à l'écran par René Clement avec Les Félins avec Alain Delon et Jane Fonda
J’en veux pour preuve quelques exemples à déguster sans modération (même si l’alcool provoque bien des dégâts dans les récits de Keene) :

  • Le Diable et ses pompes, dans lequel un escroc meurtrier se camoufle sous l’identité d’un vendeur de bibles au porte à porte. La jolie fille d’un riche fermier va lui tomber dans les bras mais c’est sans compter un destin pernicieux.
  • Vive le marié avec un jeune avocat assassin qui se réfugie chez une riche veuve mais devient vite une victime (adapté à l’écran avec les Félins par René Clément avec Alain Delon et Jane Fonda)
  • Graine de cimetière pour lequel j’ai un faible et dans lequel le héros écrit également dans les pulps.
  • La Bête à l’affut où une jeune femme est partagée entre un bagnard qu’elle aide dans sa fuite et son brillant avocat de fiancé.

Vous avez dit Blanc et Noir ? Comme tout bon artisan, bon nombre de ses œuvres ont été portées à l’écran avec pas mal de téléfilms français.

Day Keene est décédé d’un cancer le 9 janvier 1969, à North Hollywood (Californie).

Bibliographie non exhaustive évidemment

  • C’est ma, fête, 1953 (Wake Up to Murder, 1952)
  • Je tire ma révérence, 1953 (Farewell to Passion, 1951)
  • Bonne nuit brigadier !, 1954 (Death Doll House, 1954)
  • Le Facteur ne sonne pas, 1954 (Notorious, 1954)
  • Graine de cimetière, 1954 (My Flesh Is Sweet, 1951)
  • Le Diable et ses pompes, 1955 (Sleep with the Devil, 1954)
  • Vive le marié, 1955 (Joy House, 1954)
  • En ménageant ma petite santé, 1955 (The Big Kiss-Off 1954)
  • Ciel ma femme!, 1955 (Homicidal Lady, 1954)
  • Cause toujours mon lapin, 1955 (Strange Witness, 1953)
  • Mort aux rouquines, 1955 (Mrs Homicide, 1953)
  • Paradis à la sauvette, 1956 (May God Have Mercy, 1955)
  • Question de braises, 1956 (Who Has Wilma Lathrop, 1955)
  • Cocktail au pétrole, 1956 (The Human Jungle)
  • La Bête à l’affût, 1956 (Forests of the Night, 1956)
  • La Pêche au vif 1956 (Tiger Burning Bright, 1960)
  • Le Canard en fer blanc, 1956 (Red Star South, 1956)
  • Vache de singe, 1957 (Murder on the Side, 1956)
  • Ci-gît la sorcière, 1957 (The Sea Witch, 1957)
  • Furie noire, 1958 (Naked Eury, 1952)
  • Deuil immédiat, 1958 (To Kiss or Kill, 1951)
  • Qu’a du vice, 1958 (Deep Is the Pit, 1958)
  • Un chien de sa chienne, 1958
  • Un colis d’oseille, 1959 (Too Hot to Hold, 1959)
  • Coup de chien, 1959 (Hunt the Keller; 1952)
  • Vice sans fin, 1959 (Dead in Bed, 1959)
  • Je cherche après Shannon, 1960 (So Dead My Lovely, 1959)
  • Kermesse noire, 1964 (Night of the Geek, 1964)
  • Le Poil roussi, 1966 (Framed in Guilt, 1949)
  • Le Deuil dans les veines, 1966 ( Too Black for Heaven, 1959)
  • Le Plancher des garces, 1967 (Home Is the Sailor, 1952)
Abréviation de “pulp magazines”, étaient des publications peu coûteuses, très populaires aux États-Unis durant la première moitié du XXe siècle. Ces magazines publiaient principalement de la fiction (très souvent présentée comme la narration de faits réels) et les thèmes abordés étaient très divers, allant de la romance au récit fantastique, en passant par les histoires de détective et la science-fiction. Les quelques pulps encore existant de nos jours sont, pour la majorité, orientés vers la science-fiction et le fantastique.
Ed Mc Bain
William Irish